Dévalez du Nord jusqu'à l'Est de l'Espagne dans un road-trip marqué
de 3 étapes étonnantes. Point de départ : Saragosse, en plein mille de la communauté autonome d’Aragon.
Pierre, Papier, Ciseaux.
Côté pierre, vous allez bientôt descendre jusqu’au Monasterio de Piedra. Mais côté papier, avant tout, vous pousserez les portes
de l’improbable musée de l’origami, EMOZ.
PLIEZ bagage pour le musée EMOZ (Saragosse)
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Ce musée a tout pour plaire :
▪ Un sujet intrigant : côté originalité, le musée est unique en Europe.
▪ Un curateur passionné : Jorge Pardo offre un de ses pliages à chaque visiteur. Il a créé le musée, anime les ateliers, fait
évoluer la collection au fil d’expo tournantes pour lesquelles il sollicite les réalisations des maîtres origamistes. C’est un mordu
de papier, à l’enthousiasme communicatif.
▪ Des histoires de guerre et paix : le saviez-vous ? La grue de papier est devenue symbole international de paix depuis
Hiroshima. En revanche, sur un mode plus léger, le monde est engagé depuis les années ’90 dans une guerre des insectes
(guerra de bichos) : la compétition fait rage entre origamistes pour réaliser les arthropodes les plus complexes.
▪ De la virtuosité : découvrez la version spectaculaire des cocottes en papier et des bateaux qu’on pliait fièrement sur nos
bancs d’école. À côté des origamis lapin-fleur-poisson (en vachement plus élaboré), EMOZ nous fait découvrir des formes géométriques,
abstraites, modulaires, carrément architecturales (depuis le Bauhaus, les étudiants en architecture utilisent d’ailleurs
l’origami dans leur formation).
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
🤓 La lecture burlesque : le Traité de cocotologie (du mot "cocotte") de Miguel de Unamuno, un des grands esprits des 19-20e siècles en Espagne, à la fois philosophe, historien, linguiste, politicien ou encore journaliste. Pour se faire une idée en un coup d’œil, on peut se référer à cet article signé Robert Maggiori.
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Pour visiter : EMOZ
Pour follower : @origamizaragoza
À Nuevalos : CRAPAHUTEZ au Monasterio de Piedra
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Descendre sur le flanc d’une cascade de 53 mètres de haut, à pied, par un escalier taillé dans la roche.
L’expérience est dingue. Et elle trouve sa place au milieu d’une oasis de fraicheur – c’est LA promenade qui va vous rasséréner
au milieu des paysages arides : le Monasterio de Piedra. Chutes d’eau, grottes, viviers, miradors… on vous recommande
chaleureusement la découverte de ce parcours. La preuve en images.
▪ Pour les kiddies (mais pas que) : le spectacle de vol de rapaces, qui frôlent vos crânes de leurs ailes.
▪ Pour le soleil : les vestiges de l’abbaye ont été saccagés lors de la révolution au 19e siècle.
Désastreux, comme toujours. Mais avec une conséquence imprévue : dans l’ancienne église, le toit mutilé laisse entrer
une lumière abondante. De la pelouse s’installe entre les débris de colonnes.
On se croirait au Couvent des Carmes de Lisbonne.
▪ Pour y aller : prévoyez une bonne demi-journée pour profiter de l’excursion. Des chaussures fermées sont plus indiquées.
Et si vous souhaitez prolonger le plaisir, un hôtel plutôt chicos et un spa plutôt sympa jouxtent le parc. Toutes les infos sont sur :
www.monasteriopiedra.com
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
C’est quand qu’on IVAM ? Explorez l’institut d’art moderne de Valence
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Une fois que vous aurez quitté l’Aragon, votre road-trip espagnol vous mènera plus au Sud, dans la
province de Valence. La ville ne manque pas de charme : il y a les monuments ambiance "petite Rome"
(un Colisée de poche et une fontaine Navone miniature sur la Plaza de la Virgen), la coulée verte "Turia"
ou encore l’incontournable Cité des Sciences signée Calatrava.
Après avoir profité des extérieurs, on vous suggère une visite à l’IVAM, l’Institut Valencien d’Art Moderne. C’est du haut
niveau, profitez-en.
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Le musée se répartit entre une galerie permanente dédiée à Julio González, la salle de la muraille (en mode catacombe) et 5 à 6 espaces
d’expositions temporaires, qui accueillent des artistes aux talents multiples (peintres, sculpteurs, illustrateurs, photographes, etc.).
Nous avons un coup de cœur particulier pour les expos thématiques qui créent des liens inédits entre les œuvres disponibles
dans la collection (thematic readings / lectura de la colección). Un exemple ? En 2019-2020, cet espace est tout entier occupé
par une réflexion graphique sur les "Temps de bouleversement" que nous traversons depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le propos est interpellant : il met en exergue les instabilités auxquelles l’être humain fait face, tant à un niveau macro
(social, économique, culturel) qu’à un niveau micro (sur les plans émotionnel et identitaire).
La lecture s’effectue en 6 chambres : Violence et pouvoir, Mondes cachés, Duchamp et le monde des objets, Le questionnement des images,
Corps dissidents et Périphéries urbaines. Elles réfèrent simultanément à des réalités de l’ordre de l’intime et du mondial, qui affectent
et bouleversent nos existences.
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Pensez-y : si l’IVAM vous plait, vous aimerez aussi le MuCEM
de Marseille et l’expo Carambolages.
En pratique
Notre conseil pratique : l’Espagne est prise d’assaut en haute saison. Faites votre possible pour partir
en dehors des mois d’été. Un road-trip vers les mois de mai et juin est idéal.
Pour réaliser ce road-trip, comptez une petite semaine de 5 jours. Vous pouvez combiner le trajet avec une découverte du Pays basque
(en démarrant du côté de Bilbao, San Sebastián et Vitoria).
Et/ou avec une exploration des terres intérieures, en poussant du côté de Cuenca, Teruel et Xátiva. Tout combiné, vous passerez
bien 2 à 3 semaines complètes dans la péninsule hibérique. Vous êtes dans le coin ? Pensez à visiter
le musée Cristóbal Balenciaga à Gerantia.
Texte : Yoneko NURTANTIO ©
Voyage réalisé en 2019