Nurtantio Projects

Bois-le-Duc / ‘s-Hertogenbosch et Arnhem
Où regarder ? Entre les ouistitis, les diablotins et les pendeloques,
voici 3 feuilles de route pour savoir où donner de la tête

On ne le répètera jamais assez : visitez les Pays-Bas. C’est beau, c’est bien organisé, c’est paisible et c’est très fourni niveau culture et nature (comme on vous le montrait précédemment à Rotterdam, Ouwerkerk et au musée Kröller-Müller).
Cette fois, prenez la route pour la région d’Arnhem et Bois-le-Duc, à une heure d’Amsterdam et de Rotterdam. On vous emmène au Burgers' Zoo, au Centre d'art Jérôme Bosch et au Design Museum !

Que regarder au Bugers' Zoo ?

Burger's Zoo - Gwenny NURTANTIO©

Photos : Gwenny NURTANTIO ©

La ville d’Arnhem accueille depuis plus de 100 ans un zoo en évolution permanente. D’année en année, le parc s’est étendu et ramifié dans des zones pensées comme autant d’écosystèmes en extérieur (safari, parc, rimba) et en intérieur (mangrove, désert (et volière), bush (et océan)).

Top 3 des meilleurs points de vue :
1. Dans la zone Safari : une terrasse pour dire bonjour aux girafes en se plaçant à leur hauteur
2. Dans la zone Ocean : le tunnel aquatique (pour voir le ventre blanc des raies)
3. Dans la zone Rimba : la vitre placée dans l’antre du tigre (un animal spectaculaire !)

Best-off des groins les plus improbables :
1. L’oryctérope
2. Le lamantin

Burger's Zoo - Gwenny NURTANTIO©

Photos : Gwenny NURTANTIO ©

Top 3 des activités :
1. Voir un papillon sortir de sa chrysalide. La mangrove répliquée sous serre accueille de très jolies variétés de papillons. Pour voir éclore ces émouvantes créatures, dirigez-vous vers la nursery.
Si vous êtes sous le charme, vous adorerez aussi cet endroit : le Mariposario de Benalmadena (une serre de papillons installée sur les hauteurs de la côte espagnole).

2. Traquer les Big Five. En une journée, vous aurez rencontré les 5 mammifères plébiscités dans tous les safaris d’Afrique. Lion, éléphant, buffle, léopard et rhinocéros.
La visite du zoo suscite des rêves de voyages lointains ? Alors, c’est définitivement pour un voyage en Namibie qu’il faut commencer à économiser !

3. Observer les animaux en tribu. Singes, pingouins ou pélicans : le va-et-vient des pensionnaires est fascinant. On resterait scotché pendant de longues minutes à observer leur activité trépidante et complètement désorganisée. Chaque membre de la meute vaque à ses occupations. Qui se bécote, qui entreprend des fouilles, qui chaparde, qui déguste un caillou. Rien n’a ni queue ni tête. Tout chatouille notre attention.
Parlant de fourmillement : on vous emmène ni une ni deux à Bois-le-Duc, dans le temple de l’agitation : le centre d’art Jérôme Bosch. Lisez la suite.

Burger's Zoo - Gwenny NURTANTIO©

Photos : Gwenny NURTANTIO ©

Pour visiter le Burgers' Zoo, cliquez ici

Où regarder au Centre d’art Jérôme Bosch (JBAC) ?


Jérôme Bosch sur le divan
Le nom de "Jérôme Bosch" évoque beaucoup d’impressions contradictoires. Quelque chose de fascinant et de troublant à la fois. Il y a tant de choses à voir dans ses tableaux. Regarder une œuvre de Jérôme Bosch, c’est (au choix) :
☑ consulter "Cherchez Charlie - Spécial Halloween"
☑ plonger Salvador Dalí au 15e siècle
☑ chercher des supplices d’acupuncteur dans tous les recoins
Les tableaux de Bosch sont typiquement le genre d’œuvres qu’il faut voir grandeur nature pour les apprécier. Et une chose est sûre : vous ne verrez jamais ces tableaux d’aussi près qu’à Bois-le-Duc (‘s-Hertogenbosch).

Centre d’art Jérôme Bosch - Gwenny NURTANTIO©

Photos : Gwenny NURTANTIO ©

Un théâtre caché dans une église
Le grand ‘plus’ du Centre d’art de Bois-le-Duc, c’est sa scénographie : le but n’est pas d’exposer des originaux. Le but, c’est de laisser le visiteur s’approcher et même toucher (!) les panneaux. Parce que tout est faux. Absolument faux. Le lieu même qui accueille ces reproductions est une église désacralisée (quand on dit "faux", on assume jusqu’au bout). Cette cathédrale offre un écrin de choix pour une mise en scène très théâtrale (même le porche se drape d’un grand rideau rouge). Tout ça nous replonge dans cette époque lointaine, médiévale, où l’Église faisait jouer des pièces pour raconter l’histoire sacrée. Tout pareil : on entre dans le centre d’art Jérôme Bosch comme dans une pièce de théâtre. Une pièce magistrale.



Ce que vous n’aviez jamais vu : le verso des tableaux
Vous savez ce qu’on découvre lorsqu’on manipule un triptyque de Bosch ? Que l’extérieur est franchement terne. Le contraste est saisissant par rapport aux couleurs des panneaux cachés. C’est vrai aussi pour le plus célèbre des tableaux de Bosch : le jardin des délices. Vous aussi, vous pensiez qu’il s’agissait d’un petit coin de paradis – sorte de parenthèse bucolique au milieu d’œuvres toutes plus sombres les unes que les autres ? Raté.

En réalité, les 3 panneaux du triptyque ouvert illustrent la déchéance de l’humanité.
Épisode 1 : Adam et Ève, avec des petits lapins en arrière-plan pour évoquer : "Soyez féconds et multipliez-vous". Pour ce qui est du jardin d’Eden, nous savons vous et moi que l’histoire ne se termine pas vraiment bien.
Épisode 2: l’humanité plonge dans la luxure (vous pensiez que c’était le paradis ? Eh bien non. Regardez mieux).
Épisode 3 : les pécheurs terminent en enfer.
Tiens tiens : c’est étonnant, ce contraste permanent entre l’extérieur terne et l’intérieur chatoyant des triptyques. Ça ne vous rappelle pas un peu la dialectique Dedans/Dehors : Sauvé/Pécheur (la dualité-phare de l’œuvre de Bosch) ? Ça vous semble plausible, à vous, cette idée ? Enfin, soit. Ne nous égarons pas.



Une machine à fabriquer des diables
Jérôme Bosch aborde des thèmes essentiellement religieux, on l’aura compris. Dans ses tableaux, il explore avec fascination les deux faces de l’être humain : le pécheur et le saint (avec un gros coup de cœur pour saint Antoine). Artiste hors-compétition dans la catégorie "faiseur de diables", il est plein d’idées originales lorsqu’il s’agit de punir les pécheurs : par exemple, les gloutons sont rôtis ou fumés comme du jambon (punis par là où ils ont péché).
Et puis il y a des trucs qui sont juste bizarres. Comme "Le concert dans l’œuf". Où on voit des chanteurs et des musiciens installés dans un œuf volant. Si les vices dépeints par Bosch sont débridés, son génie créatif l’est tout autant. On comprend mieux le slogan qu’il affiche sur l’un de ses dessins : "C’est le propre des esprits misérables de toujours utiliser ce qui a été inventé et non ce qui doit encore l’être." (Miserrimi quippe ingenii semper est uti inventis et nunquam inveniendis.)
Enfin, les tableaux sont truffés de détails piquants : des rébus s’y cachent ; là, un diablotin tente de voler l’encrier de Saint-Jean (pour l’empêcher d’écrire la révélation de l’Apocalypse) ; ici, des démons poussent le chariot pour lequel se battent les hommes (comprenez : l’avarice et l’amour du gain mènent à la perte).



Les 7 péchés capitaux, c’était quoi, déjà ?
Si la liste des 7 péchés capitaux est un souvenir brumeux dans votre esprit[1], le Centre d’art Jérôme Bosch vous a concocté une séance de rattrapage mise au goût du jour. Chaque inclinaison est illustrée par quelques mots bien sentis :
▪ "Être bête, égoïste et avoir une bonne santé, voilà les trois conditions voulues pour être heureux. Mais si la première vous manque, tout est perdu." (Gustave Flaubert)
"It has been my experience that folks who have no vices have very few virtues." (Abraham Lincoln)
▪ "L’envie, comme la flamme, noircit tout ce qui plane au-dessus d'elle et qu'elle ne peut atteindre." (John Petit-Senn, Bluettes et boutades)

[1] Orgueil, avarice, luxure, envie, gloutonnerie, colère, paresse.



La fin du monde, c’est pour quand ?
En plus des tableaux, le centre expose (la reproduction d’une horloge astronomique conçue par Bosch qui attirait les foules en son temps. Outre le calcul du temps lunaire, du temps solaire, la fonction calendrier et signes du zodiaque, on appréciera la touche Bosch avec le coucou remplacé par les trompettes du jugement dernier qui enclenchent un automate très pittoresque (de jolies petites figurines de pécheurs qui plongent tête la première dans les flammes). Le message : chaque heure nous rapproche du jugement – prenez vos dispositions.

Pas encore convaincu?
Voici 3 arguments supplémentaires pour vous convaincre que la découverte du centre d’art Jérôme Bosch en vaut la peine.
▪ Les Enfers, très peu pour vous ? Filez dans les nuages. Le ticket d’entrée donne accès à une tour panoramique à la vue revigorante.
▪ Vous n’aimez pas la peinture ancienne ? Bosch a fait des petits. Il y a plein de place pour les artistes d’aujourd’hui dans cette église unique. C’est là notamment qu’a été exposé à partir de 2018 l’ambitieux projet LADY MADONNA : des centaines d’artistes et d’amateurs du monde entier ont envoyé par courrier dessins, collages et montages pour représenter la figure de la Vierge Marie telle qu’elle parle à notre temps.
▪ Vous n’aimez pas la peinture tout court ? Passez à la 3D. Des sculptures à taille humaine flottent dans les airs ou se perchent tout au long du parcours (en descendant du beffroi, vous les apercevrez même sur la mezzanine de l’organiste). Fontaine de jouvence, poissons ailés et œufs tout sourires : les sculptures bariolées promettent une immersion complète dans cet univers fantasmagorique.

Le site officiel, c'est par ici.

Que voir au Design Museum de Bois-le-Duc ?


Burger's Zoo - Gwenny NURTANTIO©

Photos : Gwenny NURTANTIO ©

Apparemment, les Néerlandais adorent les musées (oncques ne vîmes musée plus rempli par une paisible après-midi de dimanche…). En d’autres mots : c’est la foule. Mais que pourrez-vous bien apercevoir dans le Museumkwartier (Quartier des musées), entre deux (hautes) têtes (blondes) ?
Qu’est-ce qui peut bien attirer dans ses murs un public aussi assidu ?

1. La variété. Le musée du Design est associé au musée Noordbrabant. Le premier propose des expos tournantes, sur base d’un fonds de bijoux et céramiques de créateurs des 20e et 21e siècles.
Quant au second, il vous entretiendra autant d’impressionnisme que d’affiches publicitaires, des débuts de la télé comme de la grande guerre.

2. Le talent. Lorsque nous avons découvert les lieux, c’est la magistrale exposition de Thijs Wolzak qui occupait l’avant de la scène. Avec "Binnenkijken", il nous fait découvrir les intérieurs décapants de foyers pas comme les autres. Une série qui vous rappellera peut-être l’esprit du projet Belgian Blue Blood de Rip Hopkins (des portraits déjantés de l’aristocratie belge).

3. L’inclusion. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges. Les plus jeunes se laisseront volontiers guider par une CHECKLIST très graphique conçue au regard de chaque expo pour affûter leur sens de l’observation. Ça tient en une page de journal, c’est bien pensé, bien ficelé, bien dessiné.

Pour toutes les infos pratiques autour du Design Museum, rendez-vous sur cette page.

Texte : Yoneko NURTANTIO ©
City-Trip réalisé en 2018



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