Imaginer le Transsibérien
Les faits : le Transsibérien est la plus longue ligne de chemin de fer au monde. De Vladivostok à Moscou,
elle passe par 7 fuseaux horaires et traverse près de 1.000 gares. Il a fallu 14 ans pour la construire. C’est le miroir russe
de la "conquête de l’Ouest".
La durée : le voyage d’un bout à l’autre de la ligne s’étend sur une semaine.
Ce qu’on voit à l’intérieur du train : le confort des wagons varie du tout au tout (comme à l’époque du Titanic).
Il y a les cabines de "luxe", et puis les dortoirs confinés où l’on dort, vit et mange entre le coude de l’un et le sac de l’autre.
Le souvenir : un mercredi après-midi, affalé dans les coussins, à regarder Anastasia et Dimitri dans le train pour Paris.
La question : quel est le but de la vie ? Vous avez tout le loisir d’y penser. Voire d’y répondre.
L’activité : terminer votre livre de sudokus.
Ce qu’on comprend : la signification du mot "exil".
Ce qu’on apprend : "Sibérie" signifie littéralement "la terre endormie".
Ce qu’on voit par la fenêtre : la taïga : des collines couvertes de pins et de bouleaux. Les mêmes pins et les mêmes bouleaux
depuis le matin jusqu’au soir. Et puis le lac Baïkal, "l’œil bleu de la Sibérie".
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Vivez le lac Baïkal comme un local
Que dis-je "c’est un lac" ? C’est un océan. Un océan d’eau douce. D’une pureté troublante.
Pour vivre le lac Baïkal comme un local, passez la journée à Listvianka, une station facile à rejoindre depuis Irkoutsk
(qui vaut le détour pour ses belles églises). On paie le chauffeur du bus à l’arrivée et on s’installe sur la plage de galets.
On ne manquera pas de flâner au marché pour déguster le poisson omoul fumé.
L’escale au retour : entre Listvianka et Irkoutsk, faites une halte pour visiter le musée en plein air Taltsy (assez semblable au site
suédois de Skansen). Pourquoi s’arrêter ?
1. Pour vous promener dans les forêts de bouleaux que vous avez aperçues depuis la vitre du train.
2. Pour voir des villages reconstitués et un mode de construction qui a fait ses preuves dans un climat sans merci.
Le grand méchant loup peut souffler tant qu’il veut : les maisons ressemblent moins à des cabanes de jardin en tec qu’à des
chalets fabriqués à l’aide de troncs d’arbres empilés.
3. Pour découvrir les coutumes ancestrales du peuple Evenk, qui habitent la Sibérie depuis près de 1.500 ans. Leurs rites funéraires
se rapprochent des coutumes de tribus amérindiennes comme les Sioux : plutôt que d’enterrer le cercueil, on l’élève à l’aide d’un
échafaudage. Vous avez dit "étrange" ?
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
Dernière étape : Oulan-Oudé
Une grande ville sibérienne plutôt tranquille (à ne pas confondre avec Oulan-Bator,
en Mongolie).
Best spot : la place de l’opéra-théâtre, avec la fontaine qui s’anime au son de Mozart ou Vivaldi. Mais surtout : c’est
d’Oulan-Oudé que vous partirez pour découvrir le centre du bouddhisme tibétain en Russie : Ivolginsky Datsan.
La construction du Datsan a exceptionnellement été autorisée par Joseph Staline en 1940. Aujourd’hui encore, l’existence du centre
est protégée par l’état russe. Et le Datsan ne désemplit pas. Pèlerins, lutteurs, parieurs, curieux, apprentis moines, dévots, familles,
orants, touristes… Dans les chapelles, les briques de lait sont ouvertes et les sucreries sont empilées sur les autels, au milieu des
cierges et des sandwiches mous. Toute une expérience.
Photos : Gwenny NURTANTIO ©
En pratique : les bons plans
1. Privilégier l’été : il suffit de regarder les températures annuelles de Sibérie pour se persuader que juin-juillet-aout sont
les meilleurs moments pour partir.
2. Sélectionner une partie du trajet du Transsibérien : il n’est pas nécessaire de faire le trajet entier pour apprendre
à s’en imprégner. De Oulan-Oudé à Irkoutsk, on longe les côtes du lac Baïkal : par la fenêtre, le paysage est bleu à droite et verdoyant
à gauche. C’est ravissant.
3. Garder Moscou à l’œil : l’organisation du Transsibérien est entièrement réglée sur l’heure de la capitale. Donc, un départ
prévu à 04:11 peut signifier 09:11 heure locale. Le train repart sans prévenir, mais toujours à l’heure exacte.
À Oulan-Oudé, il y a une possibilité de connexion avec les deux lignes qui rejoignent Pékin soit par le désert du Gobi (Transmongolien),
soit par la Mandchourie (Transmandchourien).
Photos : Gwenny NURTANTIO ©